L’enquête IDEA 2019 s’est déroulée du 25 mars au 5 avril 2019. Elle s’est intéressée à la problématique des risques sanitaires liés à la pratique des sports en eau douce en Bretagne et en particulier au risque de développer une leptospirose chez les kayakistes.
La leptospirose est une maladie infectieuse, de gravité variable, due à des bactéries du genre Leptospira. Les réservoirs principaux de ces bactéries sont les rongeurs sauvages (porteurs sains), qui excrètent les bactéries pathogènes dans leurs urines et contaminent le sol et les eaux.
Cette enquête a donné lieu à la publication d’un article scientifique:
« Les sports d’eau douce exposent les pratiquants à des agents pathogènes présents dans l’environnement aquatique et peuvent entraîner des infections. En Bretagne, ces infections sont particulièrement préoccupantes, notamment depuis 2016 avec une augmentation de l’incidence de la leptospirose atteignant 1 cas pour 100 000 habitants, ce qui représente la plus forte incidence observée depuis 1920. Notre objectif était d’estimer la prévalence des maladies infectieuses liées aux sports d’eau douce et d’identifier les facteurs associés à ces infections chez les licenciés de sports d’eau douce en Bretagne. Du 18 mars 2019 au 8 mai 2019, nous avons interrogé des licenciés de sports d’eau douce (enquête en ligne) et des présidents et instructeurs de clubs (enquête téléphonique) en Bretagne. Les participants licenciés étaient âgés de 18 ans ou plus et pratiquaient au moins un sport d’eau douce dans l’un des 79 clubs bretons. Nous avons utilisé des modèles de régression logistique pour étudier l’association entre nos variables d’intérêt et les facteurs de risque potentiels. Au total, 551 licenciés (20,3% du nombre total de licenciés) et 38 clubs (48,1%) ont été interrogés. Parmi les licenciés, 29 (5,3 %) ont déclaré avoir reçu un diagnostic de leptospirose, dont 12 (41,3 %) survenus au cours des 5 dernières années. Les symptômes les plus rapportés étaient une irritation ou des démangeaisons cutanées (24,3 %), par ailleurs 39 personnes (7,1 %) ont déclaré au moins une hospitalisation au cours de leur vie pour une maladie liée aux sports d’eau douce. La survenue de leptospirose était associée négativement à l’embarquement à partir d’un ponton (rapport de cotes (OR) = 0,20, intervalle de confiance à 95 % (IC à 95 %) 0,06 à 0,56), à une pratique de moins de 4 ans (OR = 0,17, IC à 95 % 0,04–0,56) par rapport à plus de 10 ans, et la survenue de leptospirose était positivement associée à la prise d’une douche savonneuse après l’entraînement (OR=4,38, IC 95 % 1,90–10,51). L’esquimautage était positivement associé à la survenue d’otites et de conjonctivites (OR = 3,22, IC à 95 % 1,82 à 6,03) et d’irritations ou démangeaisons cutanées (OR = 1,66, IC à 95 % 0,99 à 2,84). Les otites, conjonctivites et irritations et démangeaisons cutanées sont les maladies liées aux sports d’eau douce les plus fréquemment signalées en Bretagne. Malgré un bon niveau de connaissance des mesures de prévention, leur mise en œuvre par les licenciés et les clubs reste faible. Des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier les pratiques associées à un risque infectieux dans les sports d’eau douce. »
Ainsi qu’à un poster de rétro-information pour les clubs de kayak.